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Opinion | Immobilier : ce que le Covid-19 va changer

La crise sanitaire actuelle aura forcément un impact sérieux sur le marché de l’immobilier.

Quant aux projets plus avancés, si les délais d’obtention de crédit et de signature notariale risquent de s’allonger, ils ne manqueront pas d’aboutir. Surtout, cette crise aura pour conséquence d’accélérer fortement la digitalisation de tous les acteurs de la chaîne immobilière, ce qui serait de ce point de vue, un mal pour un bien.

 

Une filière immobilière qui s’organise

Au moment de l’annonce du confinement, aucun des acteurs de la chaîne immobilière n’était réellement prêt à l’affronter. Après avoir déclaré – pour la plupart – dans la foulée qu’elles ne prendraient plus de nouveaux dossiers de crédit, faisant planer le risque d’un blocage total des transactions, les banques se sont activées pour modérer cette décision. Certes, la situation est loin d’être « normale », mais au fur et à mesure que les jours passent, le secteur s’organise pour faire avancer les projets immobiliers des Français.

Sur le terrain, les études notariales acceptent bien souvent de proroger les clauses suspensives, tandis que certains établissements bancaires font de même avec les dates de validité des offres. Si l’on peut raisonnablement s’attendre à un allongement des délais d’étude des demandes de crédits et à un report des signatures d’actes authentiques, parfois lié à des absences administratives, les transactions vont donc se poursuivre.

Les courtiers en première ligne pour soutenir les Clients

Les courtiers apparaissent dans cette situation comme des intermédiaires à privilégier pour négocier avec les conseillers bancaires. Leur rôle sera notamment d’examiner et d’alerter s’il est nécessaire d’obtenir l’allongement des délais des conditions suspensives des actes de vente, afin d’obtenir le crédit malgré des conditions de fonctionnement du marché ralenties.

Pour les clients déjà engagés dans un crédit immobilier et qui se retrouvent en difficulté financière du fait d’un arrêt ou d’un ralentissement de leur activité, les courtiers seront là aussi, bien utiles pour faire actionner ou obtenir une suspension ou un report des échéances.

 

Taux d’intérêt et conditions d’octroi des crédits : aucun changement à l’horizon

Par ailleurs, il est tout à fait légitime de s’inquiéter d’une éventuelle remontée des taux d’intérêt. Toutefois, en France, le risque est faible, car nous sommes protégés par un double système. D’un côté, le taux d’usure, publié trimestriellement, qui vient même d’être publié en avance avec de nouvelles baisses. De l’autre côté, le système bancaire français privilégie largement le taux fixe qui fige le montant du crédit dans le temps. Dans ces conditions, les aléas de l’économie ne devraient avoir aucun impact sur les taux d’intérêt des crédits en cours ou de ceux qui seront distribués dans les prochains mois.

Doit-on craindre alors un durcissement des conditions d’accès au crédit ? Là encore, la réponse est « non ». Les banques fondent leur rentabilité sur l’acquisition de nouveaux clients, difficile dans les circonstances actuelles. Dès la levée du confinement, elles n’hésiteront donc pas à utiliser le crédit immobilier comme « tête de gondole » pour rattraper ce retard. De plus, la banque centrale européenne a décidé d’injecter 750 milliards d’euros supplémentaires pour soutenir les investissements, quand le ministère de l’Économie et des Finances, de son côté, a annoncé lundi dernier la suspension des contraintes liées au coussin contra-cyclique. Cette double décision va permettre aux banques de distribuer le crédit plus largement, en priorité aux acteurs de l’économie pour prévenir l’effet dévastateur de la crise sur l’emploi, puis aux ménages pour soutenir la consommation et donc, le marché de l’immobilier.

Un marché qui va se poser et se digitaliser

La seconde partie de l’année sera consacrée à faire aboutir les projets immobiliers qui n’auront pu se faire au printemps. La tendance de cette reprise sera orientée par la réaction des vendeurs, inquiets pour leur avenir, qui pourraient décider d’accélérer leurs ventes. Une décision qui viendrait reliquéfier l’offre, face à une crispation de la demande prévisible, entraînant mécaniquement une baisse des prix et un ralentissement des transactions. Surtout, plus que jamais, la notion de préparation d’un projet va reprendre ses droits.

S’agissant des acteurs de la chaîne immobilière (notaires, agents immobiliers, banquiers… etc.), cette crise aura mis en relief la nécessité pour eux de s’équiper d’un point de vue technologique pour fluidifier les échanges : enregistrement des pièces, signature électronique, transfert et validation des documents… Ce basculement vers des outils digitaux sera clé pour leur permettre de s’adapter, dans la durée et à l’avenir, à toutes les situations.